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de la liberté et des bonnes mœurs dans les États. De la perfection ou de l’imperfection des institutions dépend tout le bien, mais dépendra nécessairement aussi tout le mal qui peut résulter pour les hommes de leur réunion en société ; et, quand je demande les meilleures institutions, vous comprenez bien que, suivant le mot si beau de Solon, j’entends les institutions les plus parfaites que les peuples puissent supporter. C’est vous dire que je ne conçois pas pour eux des conditions d’existence impossibles, et que par là je me sépare de ces déplorables réformateurs qui prétendent construire les sociétés sur de pures hypothèses rationnelles sans tenir compte du climat, des habitudes, des mœurs et même des préjugés.

À l’origine des nations, les institutions sont ce qu’elles peuvent. L’antiquité nous a montré des civilisations merveilleuses, des États dans lesquels les conditions du gouvernement libre étaient admirablement comprises. Les peuples de l’ère chrétienne ont eu plus de difficulté à mettre leurs constitutions en harmonie avec le mouvement de la vie politique ; mais ils ont profité des enseignements de l’antiquité, et avec des civilisations infiniment plus compliquées, ils sont cependant arrivés à des résultats plus parfaits.

Une des causes premières de l’anarchie, comme du despotisme, a été l’ignorance théorique et pratique dans laquelle les États de l’Europe ont été