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Machiavel.

Je permets à ma chambre législative de me témoigner chaque année, au moment du jour de l’an, l’expression de ses vœux dans une adresse.

Montesquieu.

Mais puisque l’immense majorité de la chambre vous est dévouée, que pouvez-vous recueillir sinon des remerciements et des témoignages d’admiration et d’amour ?

Machiavel.

Eh bien, oui. Ces témoignages ne sont-ils pas naturels ?

Montesquieu.

Sont-ce toutes les libertés ?

Machiavel.

Mais cette première concession est considérable, quoique vous en disiez. Je ne m’en tiendrai cependant pas là. Il s’opère aujourd’hui en Europe un certain mouvement d’esprit contre la centralisation, non pas chez les masses, mais dans les classes éclairées. Je décentraliserai, c’est-à-dire que je donnerai à mes gouverneurs de province le droit de trancher beaucoup de petites questions locales soumises auparavant à l’approbation de mes ministres.

Montesquieu.

Vous ne faites que rendre la tyrannie plus insupportable si l’élément municipal n’est pour rien dans cette réforme.