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constructions sans mentionner un détail bien insignifiant en apparence, mais qu’y a-t-il d’insignifiant en politique ? Il faut que les innombrables édifices que je construirai soient marqués à mon nom, qu’on y trouve des attributs, des bas-reliefs, des groupes qui rappellent un sujet de mon histoire. Mes armes, mon chiffre doivent être entrelacés partout. Ici, ce seront des anges qui soutiendront ma couronne, plus loin, des statues de la justice et de la sagesse qui supporteront mes initiales. Ces points sont de la dernière importance, j’y tiens essentiellement.

C’est par ces signes, par ces emblèmes que la personne du souverain est toujours présente ; on vit avec lui, avec son souvenir, avec sa pensée. Le sentiment de sa souveraineté absolue entre dans les esprits les plus rebelles comme la goutte d’eau qui tombe incessamment du rocher creuse le pied de granit. Par la même raison je veux que ma statue, mon buste, mes portraits soient dans tous les établissements publics, dans l’auditoire des tribunaux surtout ; que l’on me représente en costume royal ou à cheval.

Montesquieu.

À côté de l’image du Christ.

Machiavel.

Non pas, sans doute, mais en face ; car la puissance souveraine est une image de la puissance