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rasse par ce moyen d’un passif de plusieurs centaines de millions.

Montesquieu.

C’est un expédient immoral, quoi qu’on dise ; un emprunt forcé qui déprime la confiance publique.

Machiavel.

Vous ne connaissez pas les rentiers. Voici une autre combinaison relative à un autre genre de dette. Je vous disais tout à l’heure que l’État avait à sa disposition les fonds des caisses de prévoyance et qu’il s’en servait en payant le loyer, sauf à les rendre à première réquisition. Si, après les avoir longtemps maniés, il n’est plus en mesure de les rendre, il consolide la dette qui flotte dans ses mains.

Montesquieu.

Je sais ce que cela signifie ; l’État dit aux déposants : Vous voulez votre argent, je ne l’ai plus ; voilà de la rente.

Machiavel.

Précisément, et il consolide de la même manière toutes les dettes auxquelles il ne peut plus suffire. Il consolide les bons du Trésor, les dettes contractées envers les villes, envers les banques, enfin toutes celles qui forment ce que l’on appelle très-pittoresquement la dette flottante, parce qu’elle se compose de créances qui n’ont point d’assiette déterminée et qui sont à une échéance plus ou moins rapprochée.