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nion des Chambres. Il faut que leur approbation intervienne.

Machiavel.

Qu’elle intervienne une fois que la dépense est engagée, pour ratifier ce qui est fait, je ne le trouverais pas mauvais.

Montesquieu.

Je le crois bien ; mais, malheureusement, on ne s’en est pas tenu là. La législation financière moderne la plus avancée interdit de déroger aux prévisions normales du budget, autrement que par des lois portant ouverture de crédits supplémentaires et extraordinaires. La dépense ne peut plus être engagée sans l’intervention du pouvoir législatif.

Machiavel.

Mais alors on ne peut même plus gouverner.

Montesquieu.

Il paraît que si. Les États modernes ont réfléchi que le vote législatif du budget finirait par être illusoire, avec les abus des crédits supplémentaires et extraordinaires ; qu’en définitive la dépense devait pouvoir être limitée, quand les ressources l’étaient naturellement ; que les événements politiques ne pouvaient faire varier les faits financiers d’un instant à l’autre, et que l’intervalle des sessions n’était pas assez long pour qu’il ne fût pas toujours possible d’y pourvoir utilement par un vote extra-budgétaire.