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inoffensives, quand ils sont réduits à l’impuissance et que prétendre désarmer jusqu’à leur mauvaise humeur, serait une folie. On les entendra donc se plaindre, çà et là, dans les journaux, dans les livres ; ils essaieront des allusions contre le gouvernement dans quelques discours ou dans quelques plaidoyers ; ils feront, sous divers prétextes, quelques petites manifestations d’existence ; tout cela sera bien timide, je vous le jure, et le public s’il en est informé, ne sera guère tenté que d’en rire. On me trouvera bien bon de supporter cela, je passerai pour trop débonnaire ; voilà pourquoi je tolérerai ce qui, bien entendu, me paraîtra pouvoir l’être sans aucun danger : je ne veux pas même que l’on puisse dire que mon gouvernement est ombrageux.

Montesquieu.

Ce langage me rappelle que vous avez laissé une lacune, et une lacune fort grave, dans vos décrets.

Machiavel.

Laquelle ?

Montesquieu.

Vous n’avez pas touché à la liberté individuelle.

Machiavel.

Je n’y toucherai pas.

Montesquieu.

Le croyez-vous ? Si vous vous êtes réservé la