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vôtre, il obéit à une constitution qui ne se tranche ni par la loi, ni par l’épée. Si vous régnez sur une nation catholique et que vous ayez le clergé pour ennemi, vous périrez tôt ou tard, quand bien même le peuple entier serait pour vous.

Machiavel.

Je ne sais pas trop pourquoi il vous plaît de faire du prêtre un apôtre de liberté. Je n’ai jamais vu cela, ni dans les temps anciens, ni dans les temps modernes ; j’ai toujours trouvé dans le sacerdoce un appui naturel du pouvoir absolu.

Remarquez-le bien, si, dans l’intérêt de mon établissement, j’ai dû faire des concessions à l’esprit démocratique de mon époque, si j’ai pris le suffrage universel pour base de mon pouvoir, ce n’est qu’un artifice commandé par les temps, je n’en réclame pas moins le bénéfice du droit divin, je n’en suis pas moins roi par la grâce de Dieu. À ce titre, le clergé doit donc me soutenir, car mes principes d’autorité sont conformes aux siens. Si, cependant, il se montrait factieux, s’il profitait de son influence pour faire une guerre sourde à mon gouvernement…

Montesquieu.

Eh bien ?

Machiavel.

Vous qui parlez de l’influence du clergé, vous ignorez donc à quel point il a su se rendre impopulaire dans quelques États catholiques ? En