Page:Joly - Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 179 —

devront être munis d’une autorisation, etc. »

Eh bien, la cour de cassation, si la question lui est proposée, pourra dire : Ce n’est pas seulement le fait professionnel que la loi dont il s’agit a eu en vue. C’est tout fait quelconque de distribution ou de colportage. En conséquence, l’auteur même d’un écrit ou d’un ouvrage qui en remet un ou plusieurs exemplaires, fût-ce à titre d’hommage, sans autorisation préalable, fait acte de distribution et de colportage ; par suite il tombe sous le coup de la disposition pénale.

Vous voyez de suite ce qui résulte d’une semblable interprétation ; au lieu d’une simple loi de police, vous avez une loi restrictive du droit de publier sa pensée par la voie de la presse.

Montesquieu.

Il ne vous manquait plus que d’être juriste.

Machiavel.

Cela est absolument nécessaire. Comment aujourd’hui renverse-t-on les gouvernements ? Par des distinctions légales, par des subtilités de droit constitutionnel, en usant contre le pouvoir de tous les moyens, de toutes les armes, de toutes les combinaisons qui ne sont pas directement prohibées par la loi. Et ces artifices de droit, que les partis emploient avec tant d’acharnement contre le pouvoir, vous ne voudriez pas que le pouvoir les employât contre les partis ? Mais la lutte ne serait