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plus encore. Mais revenons. Vous avez anéanti les sociétés secrètes.

Machiavel.

N’allez pas si vite ; je n’ai pas fait cela, vous allez amener quelque confusion.

Montesquieu.

Quoi et comment ?

Machiavel.

J’ai interdit les sociétés secrètes, dont le caractère et les agissements échapperaient à la surveillance de mon gouvernement, mais je n’ai pas entendu me priver d’un moyen d’information, d’une influence occulte qui peut être considérable si l’on sait s’en servir.

Montesquieu.

Que pouvez vous méditer là-dessus ?

Machiavel.

J’entrevois la possibilité de donner, à un certain nombre de ces sociétés, une sorte d’existence légale ou plutôt de les centraliser toutes en une seule dont je nommerai le chef suprême. Par là je tiendrai dans ma main les divers éléments révolutionnaires que le pays renferme. Les gens qui composent ces sociétés appartiennent à toutes les nations, à toutes les classes, à tous les rangs ; je serai mis au courant des intrigues les plus obscures de la politique. Ce sera là comme une annexe de ma police dont j’aurai bientôt à vous parler.

Ce monde souterrain des sociétés secrètes est