Page:Joly - Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 148 —

Montesquieu

Et comment vous y prendrez-vous ?

Machiavel

J’obligerai les journaux à accueillir en tête de leurs colonnes les rectifications que le gouvernement leur communiquera ; les agents de l’administration leur feront passer des notes dans lesquelles on leur dira catégoriquement : Vous avez avancé tel fait, il n’est pas exact ; vous vous êtes permis telle critique, vous avez été injuste, vous avez été inconvenant, vous avez eu tort, tenez-vous-le pour dit. Ce sera, comme vous le voyez, une censure loyale et à ciel ouvert.

Montesquieu

Dans laquelle, bien entendu, on n’aura pas la réplique.

Machiavel

Évidemment non ; la discussion sera close.

Montesquieu

De cette manière vous aurez toujours le dernier mot, vous l’aurez sans user de violence, c’est très-ingénieux. Comme vous me le disiez très-bien tout à l’heure, votre gouvernement est le journalisme incarné.

Machiavel

De même que je ne veux pas que le pays puisse être agité par les bruits du dehors, de même je ne veux pas qu’il puisse l’être par les bruits venus du dedans, même par les simples nouvelles pri-