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annexes du journalisme ; de l’autre, je force ceux qui veulent échapper au timbre à se jeter dans des compositions longues et dispendieuses qui ne se vendront presque pas ou se liront à peine sous cette forme. Il n’y a plus guère que les pauvres diables, aujourd’hui, qui ont la conscience de faire des livres ; ils y renonceront. Le fisc découragera la vanité littéraire et la loi pénale désarmera l’imprimerie elle-même, car je rends l’éditeur et l’imprimeur responsables, criminellement, de ce que les livres renferment. Il faut que, s’il est des écrivains assez osés pour écrire des ouvrages contre le gouvernement, ils ne puissent trouver personne pour les éditer. Les effets de cette intimidation salutaire rétabliront indirectement une censure que le gouvernement ne pourrait exercer lui-même, à cause du discrédit dans lequel cette mesure préventive est tombée. Avant de donner le jour à des ouvrages nouveaux, les imprimeurs, les éditeurs consulteront, ils viendront s’informer, ils produiront les livres dont on leur demande l’impression, et de cette manière le gouvernement sera toujours informé utilement des publications qui se préparent contre lui ; il en fera opérer la saisie préalable quand il le jugera à propos et en déférera les auteurs aux tribunaux.

Montesquieu

Vous m’aviez dit que vous ne toucheriez pas aux droits civils. Vous ne paraissez pas vous