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Machiavel

Ceci me préoccupe moins, car dans un temps où le journalisme a pris une si prodigieuse extension, on ne lit presque plus de livres. Je n’entends nullement toutefois leur laisser la porte ouverte. En premier lieu, j’obligerai ceux qui voudront exercer la profession d’imprimeur, d’éditeur ou de libraire à se munir d’un brevet, c’est-à-dire d’une autorisation que le gouvernement pourra toujours leur retirer, soit directement, soit par des décisions de justice.

Montesquieu

Mais alors, ces industriels seront des espèces de fonctionnaires publics. Les instruments de la pensée deviendront les instruments du pouvoir !

Machiavel

Vous ne vous en plaindrez pas, j’imagine, car les choses étaient ainsi de votre temps, sous les parlements ; il faut conserver les anciens usages quand ils sont bons. Je retournerai aux mesures fiscales ; j’étendrai aux livres, le timbre qui frappe les journaux, ou plutôt j’imposerai le poids du timbre aux livres qui n’auront pas un certain nombre de pages. Un livre, par exemple, qui n’aura pas deux cents pages, trois cents pages, ne sera pas un livre, ce ne sera qu’une brochure. Je crois que vous saisissez parfaitement l’avantage de cette combinaison ; d’un côté je raréfie par l’impôt cette nuée de petits écrits qui sont comme des