Page:Joly - Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 117 —

Montesquieu

Vous êtes logique du moins : alors les amendements constitutionnels sont présentés en bloc, acceptés en bloc ?

Machiavel

Pas autrement, en effet.

Montesquieu

Eh bien, je crois que nous pouvons passer à l’organisation du Conseil d’État.

Machiavel

Vous dirigez vraiment les débats avec la précision consommée d’un Président de cour souveraine. J’ai oublié de vous dire que j’appointerais le Sénat comme j’ai appointé le Corps législatif.

Montesquieu

C’est entendu.

Machiavel

Je n’ai pas besoin d’ajouter d’ailleurs que je me réserverais également la nomination des Présidents et des Vice-Présidents de cette haute assemblée. En ce qui touche le Conseil d’État, je serai plus bref. Vos institutions modernes sont des instruments de centralisation si puissants, qu’il est presque impossible de s’en servir sans exercer l’autorité souveraine.

Qu’est-ce, en effet, d’après vos propres principes, que le Conseil d’État ? C’est un simulacre de corps politique destiné à faire passer entre les mains du Prince un pouvoir considérable, le pouvoir règle-