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des empereurs, mais on ne voit pas bien par quelle succession d’actes ils parvinrent à le dépouiller de sa puissance.

Machiavel.

Ce n’est pas précisément pour élucider ce point d’histoire que je vous prie de vous reporter à cette période de l’Empire. Cette question, pour le moment, ne me préoccupe pas ; tout ce que je voulais vous dire, c’est que le Sénat que je conçois devrait remplir, à côté du prince, un rôle politique analogue à celui du Sénat Romain dans les temps qui ont suivi la chute de la République.

Montesquieu.

Eh bien, mais à cette époque la loi n’était plus votée dans les comices populaires, elle se faisait à coups de sénatus-consultes ; est-ce cela que vous voulez ?

Machiavel.

Non pas : cela ne serait point conforme aux principes modernes du droit constitutionnel.

Montesquieu.

Quels remercîments ne vous doit-on pas pour un semblable scrupule !

Machiavel.

Je n’ai d’ailleurs pas besoin de cela pour édicter ce qui me paraît nécessaire. Nulle disposition législative, vous le savez, ne peut émaner que de ma proposition, et je fais d’ailleurs des décrets qui ont force de lois.