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sentants de la nation ont, comme vous me l’expliquiez, l’initiative des projets de loi seuls ou concurremment avec le pouvoir exécutif ; eh bien, c’est la source des plus graves abus, car dans un pareil ordre de choses, chaque député peut, à tout propos, se substituer au gouvernement en présentant les projets de lois les moins étudiés, les moins approfondis ; que dis-je ? avec l’initiative parlementaire, la Chambre renversera, quand elle voudra, le gouvernement. Je raye l’initiative parlementaire. La proposition des lois n’appartiendra qu’au souverain.

Montesquieu.

Je vois que vous entrez par la meilleure voie dans la carrière du pouvoir absolu ; car dans un État où l’initiative des lois n’appartient qu’au souverain, c’est à peu près le souverain qui est le seul législateur ; mais avant que vous n’alliez plus loin, je désirerais vous faire une objection. Vous voulez vous affermir sur le roc, et je vous trouve assis sur le sable.

Machiavel.

Comment ?

Montesquieu.

N’avez-vous pas pris le suffrage populaire pour base de votre pouvoir ?

Machiavel.

Sans doute.