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tablir un grand nombre de monuments riches et durables, et ils furent presque tous réservés aux personnages riches ou de distinction. Jusqu’alors une modeste pierre, une croix de bois, furent le seul hommage que les simples fidèles pussent rendre transitoirement à la mémoire de leurs proches ; mais la France, heureuse rivale de la Grèce et de l’Italie, devait bientôt montrer avec orgueil ses catacombes et ses champs de repos, embellis des chefs-d’œuvre de l’art, témoignages publics et libres de nos affections et de nos sentiments. L’indispensable nécessité de veiller à la salubrité de l’air, surtout dans les villes populeuses, fit regarder comme utile d’éloigner les morts du séjour des vivants ; la raison sut vaincre enfin l’empire des préjugés et de l’habitude : et la fin du dix-huitième siècle vit abolir l’usage inconvenant d’inhumer dans les temples, et disparaitre les cimetières du centre des villes, pour les placer hors de leur enceinte.

Ce fut par suite de ces sages dispositions que l’on résolut d’établir hors des barrières de la ville de Paris, nouvelle capitale du monde, de vastes endroits destinés à la sépulture de sa nombreuse population : alors tous les riches souvenirs de l’antiquité vinrent échauffer l’imagination de nos écrivains et de nos artistes ; chacun s’empressa d’offrir à l’autorité le tribut de son travail et de son génie. Honneur à ceux qui s’occupèrent de ce grand œuvre ! grace à leurs talents, à leur persévérance, les cimetières de Paris n’ont plus cet aspect lugubre qui ne présentait que l’image de l’anéantissement