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C’est dans ses ouvrages et dans ses écrits sur la musique, qu’il faut suivre la marche de son génie ; c’est la qu’il donne aux jeunes artistes le secret de sa composition, et qu’il les instruit par l’exemple. Nous avons beaucoup de Traités de musique ; pas un, peut-être, dit un de ses panégyristes, n’offre une grammaire aussi raisonnée, une rhétorique aussi complète[1].

  1. C’est par le naturel, la saillie et l’à-propos, que Grétry a su donner à ses chants, par la vérité étonnante d’expression, et le caractère propre qu’il avait l’art de donner à ses personnages, que ce grand compositeur tient le premier rang. Ses succès ont toujours été constants ; et Méhul l’appela le Molière de l’opéra comique. Il était si pénétré de son sujet lorsqu’il composait, qu’il lui est souvent arrivé de s’attendrir lui-même, et de répandre des larmes en exécutant sur son clavecin. On a reproché à Grétry de n’être pas un profond harmoniste : à la vérité, tout son génie semble être dans sa mélodie ; et on désirerait de trouver dans son orchestre, des motifs mieux développés, l’usage du contre-point, et des accompagnements plus riches : peut-être écrivait-il la musique avec trop de facilité, et ses chants lui coutaient trop peu. Mais, qui ne lui pardonnerait pas quelques défauts quand on a entendu l’ouverture et les airs de son admirable chef-d’œuvre Richard-Cœur-de-Lion ? qui ne reconnaitrait une originalité, piquante et vraiment comique, un cachet inimitable enfin, dans les opéras de L’Amant jaloux, Le Silvain, La Fausse Magic, Zémire et Azor, etc., etc. ? On a dit que Grétry composait par instinct, comme Sedaine écrivait la comédie ; il ne recherchait que la seule expression du vrai, et à soutenir ses caractères sans s’embarrasser du reste, répondant à ceux qui lui reprochaient ses fautes d’harmonie : Il y a des fautes ! c’est bon ; j’ai voulu les faire. Il n’y a rien à répliquer à l’homme de génie ; il faut écouter, admirer et se taire.
    (Note de M. de Jolimont le jeune.)