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Deux-Mondes, avec ces simples lignes, écrites sur la feuille qui l’enveloppait :

« Prière instante à M. B…, si le roman ci-joint ne peut convenir à la Revue des Deux-Mondes, de vouloir bien le faire savoir à l’auteur par un mot jeté à la poste restante avec cette adresse : M. P. Albane. On fera, dans ce cas, reprendre le manuscrit aux bureaux de la Revue. »

C’était tout. La forme de l’envoi était assez inusitée. M. B… lut le manuscrit et répondit à l’adresse indiquée que le Péché de Madeleine, après quelques légères modifications, pourrait paraître avec succès dans la Revue. Plus d’un mois se passa, et l’auteur n’avait ni écrit ni même retiré la lettre mise à la poste restante. Le directeur de la Revue se décida dès lors à livrer le manuscrit de ce petit roman à l’impression et à en revoir lui-même les épreuves. Le Péché de Madeleine fut publié dans la Revue des Deux-Mondes du 15 mars 1864, et fut accueilli avec un vif intérêt. On voulait connaître le nom de l’auteur, et la paternité du roman fut attribuée à plus d’une personne du monde. Nous ne savons que penser de tous les bruits qui coururent alors ; cependant nous avons lieu de les croire mal fondés. L’auteur a gardé son secret, et nous ignorons encore son nom, bien qu’il ait cru devoir, avec beaucoup de grâce, reconnaître l’hospitalité qu’il avait reçue :

« Je veux vous remercier, monsieur, bien que tardivement, je l’avoue, de l’honneur que vous avez fait au Péché de Madeleine, en lui donnant place dans la Revue des Deux-Mondes. C’est un succès que je n’osais espérer, tout en le sollicitant, et dont je vous sais un gré infini. »

Un romancier dont les procédés sont marqués de tant de réserve et de délicatesse, un auteur qui a eu le courage de soustraire son nom aux applaudissements et à la cu-