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« Je réponds : Mon frère s’est toujours appelé Halévy. Il n’a jamais porté d’autre nom que celui de notre père. C’est sous le nom d’Halévy qu’à treize ans il était répétiteur au Conservatoire, qu’à vingt ans, en 1819, il remportait le grand prix de Rome, qu’à vingt et un ans il faisait graver et dédiait à Cherubini, son maître, son De profundis à grand orchestre, exécuté au temple Israélite pour la mort du duc de Berry.

« Pour Meyerbeer, l’assertion est de toute exactitude. Reste à savoir si une altération de nom, qui consiste à réunir le prénom au nom patronymique, et, la jonction faite, à supprimer une majuscule, peut s’appeler un pseudonyme.

« Toujours est-il qu’avant Robert-le-Diable, Meyerbeer avait toujours signé ses œuvres Mayer-Beer. Il Crociato a été représenté sous cette désignation aux Italiens. J’ai sous les yeux, au moment où je vous écris, la brochure de Marguerite d’Anjou, drame lyrique en trois actes, représenté à l’Odéon en 1823. Le titre porte, première et imperceptible modification : musique de M. Meyer-Beer.

« Mayer est devenu Meyer.

« À l’époque de Robert-le-Diable, transformation complète et définitive : l’affiche dit Meyerbeer. Le sacrifice fait par le compositeur à l’euphonie, dont il connaissait le pouvoir en France, eut ce résultat assez grave, que Meyerbeer ne porta plus le nom de son père ni celui de ses deux frères : Michaël Beer, poète distingué, l’auteur, de Struensée, et Guillaume Beer, astronome renommé, morts tous les deux avant lui. »


Nicolo. — Nicolas Isouard.