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mémoire sur l’atlantide

entrionales. Le Nil était le seul fleuve de long cours qui lui portât son tribut (Le Rhône et l’Eridan n’ont pas plus de deux cent lieues)[1]. Elle formait un grand lac intérieur ; peut-être même était-elle divisée en deux ou plusieurs lacs particuliers, formés par l’arête de la chaîne de la Corse et de la Sardaigne unies alors à l’Italie, et par la Sicile et par Malte ; ces deux lacs communiquaient sans doute entr’eux par un étroit canal vers le sud. D’ailleurs, dans la disposition des îles nombreuses qui bordent ses rivages et celle des mers et des golfes adjacents, elle montre un terrain morcelé et envahi par les eaux.

Ainsi, dans l’Archipel, les Sporades évidemment faisaient partie du continent de l’Asie, les Cyclades et l’Eubée du continent de la Grèce. Les îles Ioniennes et les îles si nombreuses qui bordent le rivage oriental de la mer Adriatique étaient réunies autrefois à l’Epire et à l’Illyrie ; Chypre faisait partie de la Syrie ; Malte était unie à la Sicile, qui elle-même l’était d’un côté à l’Italie[2], et de l’autre, par l’île Pantallerée et

  1. La Méditerranée devait recevoir aussi par le fleuve Triton, une partie des eaux intérieures de l’Afrique ; mais la plus grande partie de ces eaux devait s’écouler dans l’Océan, dont elles ne formaient en quelque sorte qu’un golfe immense.
  2. « La nature a arraché la Sicile à l’Italie, » dit Pline (livre II, ch. 88), Avellit natura Siciliam Italia. C’était d’ailleurs une opinion de l’école Pythagoricienne. Pline dit encore la même chose, livre III, ch. 8. Ovide en fait mention dans ces vers des Métamorphoses :
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    « . . . . Zancle quoque juncta fuisse
    « Dicitur Italiæ, donec confinia Pontus
    « Abstulit et media tellurem reppulit unda. »

    Livre XV. v. 294.


    Virgile embrasse la même opinion, interprète en cela de la tradition de l’Italie :

    « Hac loca vi quondam, et vasta convolsa ruina
    « (Tantum aeri longinqua valet mutare vetustas)
    « Dissiluisse ferunt, quùm protenus utraque tellus