Page:Jolibois - Dissertation sur l’Atlantide.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
mémoire sur l’atlantide

altérées ou décomposées : partout l’entassement et la confusion attestent l’action des feux souterrains. On aperçoit des jaspes de diverses couleurs, des cornalines, des agathes et des calcédoines en filons, parmi des porphires plus ou moins altérés ; une brèche peu solide, presque décomposée, formée par des fragments de trap, aglutinée par du spath calcaire ; un joli porphire à base de roche de trap, d’un bleu verdâtre, également colorié par du cuivre[1]. » Comment Olivier a-t-il pu émettre une opinion si contraire aux indices volcaniques qu’il avait sous les yeux et qu’il consigne ainsi dans son voyage ?

Mais examinons les raisons qui nous sont opposées. « L’eau s’écoulant, dit Olivier, par un passage si étroit, n’aurait pas pu procurer cette inondation, ce déluge si considérable, et n’aurait pu tout au plus élever la Méditerranée que d’un pied ou deux[2]. »

À cela nous répondrons que le Bosphore ne fut pas sans doute la seule bouche par laquelle le Pont-Euxin s’écoula alors : il dût s’écouler aussi par la vallée du Sangaris (Sakkaria), et par le lac de Sapandja et le golfe de Nicomédie d’un côté et le lac d’Ascanins (lac d’Isnik), et le golfe de Mundania de l’autre. Aucune hauteur un peu considérable ne sépare les deux lacs, de la vallée du Sangaris et des golfes dont ils sont rapprochés ; l’espace intermédiaire est presque tout occupé par des marais. C’est ce que dit Olivier lui-même : « Du golfe de Mundania à la vallée qui reçoit les eaux du Sangaris, les eaux sont très basses… Les eaux du lac de Nicée ou Isnik se rendent dans le golfe, en tournant un léger coteau qui sépare le lac de la plaine basse de Gemlek, et le cours du Sangaris est très lent de cette plaine à la mer

  1. Tome I, ch. 8.
  2. Tome III, p. 134, in-4.