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mémoire sur l’atlantide

tenir à d’anciennes traditions dont il serait curieux de rechercher les sources[1]. »

Maintenant examinons les preuves physiques qui viennent appuyer une si ancienne et si respectable tradition. Tournefort[2], Marsigli[3], Choiseul-Gouffier[4], Dureau de la Malle[5], Pallas[6], qui ont étudié sous ce dernier rapport cette question si importante, reconnaissent que le Bosphore a été formé par une irruption violente. La seule différence qui existe entre eux c’est que Tournefort prétend que l’ouverture se fit seulement par la force des eaux qui, peu à peu, détrempèrent les terres qu’aucun rocher ne retenait en cet endroit, et les emportèrent par différentes secousses, au lieu que Choiseul-Gouffier, et les deux auteurs qui le suivent l’attribuent à un tremblement de terre procuré par une éruption volcanique.

« Derrière le village d’Yenimale, dit Choiseul-Gouffier, dans son Mémoire lu à l’Institut en 1805, est un véritable champ phlégréen, dont le sol brûlé offre les traces d’un grand nombre de bouches ou petits cratères, soupiraux des feux souterrains qui ont calciné tout cet espace et réduit la plus grande partie du sol en une véritable pouzzolane. À mesure que l’on avance, les deux côtes deviennent plus escarpées, et les rochers qui les soutiennent et les couronnent, sillonnés par la flamme, indiquent au voyageur qu’il entre dans un vaste cratère dont il ne tardera pas à reconnaître l’enceinte imposante. Des felouques, des navires, des escadres traversent ce bassin, dans lequel les flots remplacent et ne

  1. Page 274.
  2. Tome II, p. 65.
  3. Essai physique sur l’état de la mer.
  4. Mémoire sur l’origine du Bosphore de Thrace.
  5. Géographie physique de la Mer Noire, ch. 26.
  6. Voyages, tom. VII, pag. 212.