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mémoire sur l’atlantide.

vement les Grecs que ce déluge avait si justement effrayés, d’abord au sommet des montagnes que les eaux ne pouvaient atteindre, ensuite sur leur pente, quand les terres commençaient à sécher, en dernier lieu, dans les plaines, quand le souvenir de cette terrible inondation commença à se perdre. Diodore de Sicile[1] parle du déluge procuré par cette irruption violente et des ravages qu’il exerça à Lesbos, à Samothrace et dans les terres circonvoisines. Denys d’Halicarnasse[2] nous parle de la même catastrophe et de ses effets, et cite les sources où il a puisé ce qu’il en rapporte : il fait mention, entre autres, de Callistrate, historien de Samothrace ; de Satyrus, qui avait recueilli les anciens mythes ; d’Arctinus, disciple d’Homère : ces trois historiens s’appuyaient sur les témoignages d’Orphée, de Linus, de Thamyris, poètes presque contemporains qui, sans doute, avaient rappelé sur leurs lyres plaintives les maux qu’avait éprouvés leur patrie, sa désolation et ses terreurs. Pline dit expressément que la mer a envahi le Bosphore[3]. Philon, dans son traité De Mundo non corrupto[4], dit que les îles de Rhodes et de Delos disparurent entièrement dans une inondation causée par les eaux de la mer, et que lorsque les eaux diminuèrent, ces îles reparurent. Strabon, lui-même, avait fait un traité pour prouver la vérité de ce grand évènement ; mais cet ouvrage, dont il parle dans le premier livre de sa géographie, est malheureusement perdu. Beaucoup d’autres auteurs anciens, entre autres Xanthus, historien de Lydie, le géographe Œthicus Ister, Straton le physicien et Valérius Flaccus[5],

  1. Livre V, ch. 47.
  2. Livre V, ch. 28.
  3. Livre VI, ch. 1.
  4. Page 959.
  5. Livre II, v. 615.