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mémoire sur l’atlantide

Diodore de Sicile[1], Pline[2], Pomponius Méla[3] font mention de cette séparation violente qu’ils attribuent, ainsi que l’antiquité fabuleuse, à Hercule, à qui ils attribuent tant d’autres exploits.

L’aspect des lieux témoigne, en outre, hautement de la vérité de la tradition. Straton le physicien, déjà cité, assure qu’une bande de terres sous-marines s’étendait, de son temps, comme un long ruban, de Calpé à Abyla, et que même, entre ces deux montagnes, étaient autrefois deux îles, appelées îles de Junon et de la Lune, que la violence du courant a fait disparaître[4]. « Des montagnes de même aspect, dit Bory de St-Vincent, des couches interrompues de même nature, et tous les accidents qui accompagnent les brisures qu’on remarque ordinairement sur les deux flancs d’une vallée moderne : trois ou quatre lieues de largeur pour servir de communication entre deux vastes mers sont-elles un tel espace entre deux continents, qu’il faille repousser l’idée de la possibilité d’une révolution physique dont l’assentiment unanime ne confirme pas moins la réalité que l’examen des lieux[5] ? »

Quant au Bosphore et à cette séparation violente qui fit écouler dans la Méditerranée, et de là dans l’Océan, les eaux et les vastes mers de l’Asie intérieure, la tradition en rend de fréquents témoignages. Platon y fait allusion dans le commencement du Livre iii de son beau traité des Lois. Dans un autre passage de ses ouvrages, passage cité par Strabon[6], il cite les trois espèces de demeures que choisirent successi-

  1. Livre iv, ch. 18.
  2. Livre iii, Proæmium.
  3. Livre ii, ch. 8.
  4. Strabon, livre i. — Pline, livre iii, ch. 1.
  5. Voyez, dans les voyages d’Ali-Bey, la manière dont il explique la formation du détroit. — Guide du Voyageur en Espagne, pag. 228.
  6. Livre i.