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mémoire sur l’atlantide

terres. Autre point de rapport : la société était divisée chez les Guanches comme en Égypte : des femmes, espèces de vestale, nommées Magades, exerçaient chez eux le sacerdoce ; en Égypte le même usage avait lieu, malgré le témoignage d’Hérodote mal informé :[1] même pompe aux cérémonies du sacre des rois ; même respect pour la majesté royale, mêmes honneurs aux cendres des rois défunts. Tels sont les rapports principaux que les Guanches présentent avec les habitants de la vallée du Nil. Ne sont-ils pas frappants, et doit-on les attribuer seulement au hasard et aux circonstances ? Ne montrent-ils pas entre les deux peuples une commune origine ? et combien de rapports plus nombreux et plus frappants ne découvririons-nous pas, si nous connaissions davantage les traditions, les usages, les mœurs et la constitution politique de ce peuple si intéressant, malheureusement si peu connu, et dont la race, depuis plus de deux siècles, est entièrement perdue ?

Maintenant se présente une question bien problématique et sur laquelle l’antiquité ne nous a transmis aucun témoignage : nous ne pourrons, par conséquent, nous appuyer que sur des probabilités. Les Atlantes ont-ils porté leurs émigrations jusqu’en Amérique, et serait-ce par eux que cette partie du monde aurait été en premier lieu peuplée ? Cela est grandement vraisemblable, car examinons la position de l’Atlantide par rapport à l’Amérique. S’avançant, au nord, jusqu’aux Açores et peut-être même au-delà, étant, au sud, à deux cents lieues seulement de la côte de la partie appelée depuis le Brésil, elle devait se trouver assez rapprochée de ce continent ; et était-il difficile à un peuple navigateur, aux enfants de Neptune, de porter jusque-là leurs flottes et leurs émigrations aventureuses ? Des îles, sans doute, intermédiaires devaient

  1. Livre II, ch. 35 et 54.