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mémoire sur l’atlantide

Les révolutions de la nature, les changements politiques dont ces contrées ont été le théâtre, ce mélange de peuples qui, envahissant successivement ce pays, se sont chassés les uns les autres, Phéniciens, Grecs, Romains, Vandales, Arabes, Turcs, Ibères, ont dû faire disparaître tout ce qui pouvait faire rappeler le souvenir des Atlantes. Cependant quelques traces subsistent encore. Ainsi, au pied de l’Atlas occidental, se voient des ruines considérables qui portent le nom remarquable de Château des Pharaons (Kasr Farawan)[1]. Ces ruines présentent, dans leur architecture, des marques évidentes du style égyptien. Or, nous devons bien présumer que ce style devait être celui que les Atlantes employaient dans leurs monuments publics, puisque, descendus du même peuple primitif que les Égyptiens, ils devaient avoir puisé à la même source qu’eux leurs arts et leur civilisation. Sésostris soumit, il est vrai, une partie de la Libye ; mais il ne serait pas raisonnable de penser qu’il ait pu porter jusqu’aux Colonnes d’Hercule sa course et ses armes victorieuses. Hérodote[2] et Pomponius Mela[3] citent nommément les Atlantes parmi les peuples de la partie occidentale de l’Afrique ; ce dernier en fait pourtant un portrait qui montrerait qu’ils étaient tombés dans la barbarie. « Ils maudissaient le Soleil, dit-il, comme un astre pernicieux : ils n’ont point de noms qui les distinguent les uns des autres, ils s’abstiennent de chair, et prétendent n’avoir jamais de songes[4]. » Les

  1. Jackson : Account of Marocco, p. 120.
  2. Livre IV, ch. 185.
  3. Livre IV.
  4. Solin en fait le même portrait (ch. 34) C’est le passage de Pomponius Mela qui a inspiré à Lefranc de Pompignan la belle strophe si connue dans l’Ode à Rousseau : Le Nil a vu sur ses rivages, etc.

    Les Carthaginois rendaient à Saturne un culte qu’ils avaient déjà, sans doute, trouvé établi dans le pays.