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mémoire sur l’atlantide

calamités de toute sorte, et errants de tous côtés ; les Atlantes qui avaient vu une si grande partie de leur pays bouleversée et engloutie par les eaux, durent fuir une terre malheureuse qui semblait vouée au courroux des Dieux, et chercher au-delà des mers d’autres demeures et une patrie nouvelle. Le nom de Pélasges veut dire : hommes de la mer Méditerranée (car Πελαγος est le nom que les Grecs donnaient à cette mer). Or, l’Atlantide n’est-elle pas du côté de la mer et au-delà de la Méditerranée par rapport à la Grèce ? Pélasgus, que la Grèce antique fait père des Pélasges, était arcadien, du canton même de la Grèce qu’ont occupé les Atlantes, Enfin, on trouvait des Pélasges partout en Grèce, en Illyrie[1] et aussi dans la Sicile, la Sardaigne, l’Italie[2], qui étaient les pays les plus exposés aux invasions des Atlantes orientaux, et ceux vers lesquels durent se porter leurs émigrations après les désastres de leur contrée[3].

Après avoir vu le peu que l’antiquité nous a transmis sur les Atlantes, examinons si dans les temps modernes nous ne trouverons pas quelque vestige de ce peuple si intéressant, et si, dans les parties qui ont été dérobées à la submersion, il ne se rencontrerait pas quelque reste, quelque indice de leur séjour qui ait échappé à cette longue suite de siècles qui les sépare de nous.

  1. L’italien Formaléoni, auteur d’une histoire estimée de la navigation et du commerce des peuples anciens, dans la mer Noire, prétend que les Liburniens, peuple de l’Illyrie, descendait aussi des Atlantes, et il annonce qu’il prouvera ce fait dans un ouvrage intitulé : Origines Vénitiennes, ouvrage qui, probablement, n’a pas paru.
  2. Eusèbe, dans ses Chroniques, raconte que le Latium avait été peuplé, dans les temps primitifs, par des colonies de Libyens (Livre I, ch. 43, no 2).
  3. « Comment, dit Freret (Mémoires des Inscriptions et Belles-Lettres, tome XVIII, p. 90), peut-on concevoir que deux petites provinces de la Thessalie et du Péloponnèse aient pu fournir un nombre de colonies assez considérable pour remplir à la fois le continent de la Grèce, les îles de l’Archipel, les côtes de l’Asie Mineure et toute l’Italie. »