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mémoire sur l’atlantide.

blissement et de barbarie, furent civilisés de nouveau au temps de la conquête qu’en firent les Égyptiens, qui leur rendirent leurs coutumes et leurs arts portés à un haut degré de perfection[1].

Les émigrations des Éthiopiens ne se bornèrent pas, sans doute, à l’Égypte : ils se répandirent aussi vers l’Ouest et occupèrent la chaîne de l’Atlas qu’ils suivirent jusqu’à l’Océan. Ils portèrent dans cette vaste contrée la même civilisation, les mêmes arts qu’ils avaient apportés au bord du Nil. Cette opinion que nous émettons ici n’est pas, certes, dénuée de fondement ; des preuves assez fortes viennent l’appuyer. Nous les ferons connaître, quand nous parlerons de la langue et des usages. Nous dirons ici seulement que le nom d’Éthiopie n’aurait pas été donné à toute la côte septentrionale d’Afrique, si les Éthiopiens ne l’avaient pas occupée. En outre, Diodore de Sicile, faisant mention d’une île qu’il nomme Hespérie, et qui, d’après la position qu’il lui donne, ne peut être que l’Atlantide, l’a dit habitée par des Éthiopiens[2].

Il paraît qu’un des chefs de ces émigrations s’appelait Ποσειδων, le Neptune des Grecs[3] ; il divisa sa conquête avec plusieurs autres chefs qui étaient peut-être ses enfants. C’est,

  1. Les Éthiopiens eux-mêmes viennent, s’il faut en croire Eusèbe, des bords de l’Indus. C’est ce qui expliquerait les rapports étonnants qui existent entre les arts et l’architecture des Éthiopiens et des Indiens. Mais cette émigration, s’il nous est permis de l’admettre, aura dû avoir lieu bien longtemps avant l’époque que lui fixe Eusèbe, 404 ans après Abraham (Canonum Chronicorum lib. post.).
  2. Livre III, ch. 27. La cote septentrionale de l’Afrique portait aussi, chez les Anciens, le nom de Libye : les Carthaginois étaient appelés Libyens. Hérodote appelle Libyens les habitants des environs du cap Nun. Livre IV, ch. 28.
  3. Il ne doit pas paraître étonnant de voir des rois et des chefs Atlantes revêtus de noms grecs ; Platon nous en explique la raison dans son Critias. Hérodote, liv. II, ch. 50, rapporte que les Grecs ont pris des Libyens le nom et le culte de Neptune.