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mémoire sur l’atlantide.

récit de Platon dans le Timée, qui nous représente les débris de l’Atlantide formant un limon qui empêche les vaisseaux de naviguer.

Entre les Canaries et la côte de Maroc, la mer est si peu profonde que Vieyra qui, né à Ténériffe et y ayant passé la plus grande partie de sa vie, avait pu observer plus longtemps et mieux que tout autre la nature physique de ces îles et l’état des mers qui les entourent, assure qu’elles devaient être jointes autrefois à la côte de Maroc, et qu’une convulsion violente de la nature a pu seule les en séparer[1]. M. de Humboldt embrasserait volontiers ce sentiment ; mais il voudrait pour plus de certitude qu’on explorât les montagnes voisines de Maroc, et qu’on trouvât de l’homogénéité de terrain entre les deux chaînes[2]. D’ailleurs, les voyageurs et les marins qui ont exploré la côte d’Afrique depuis le cap Spartel jusqu’au cap Blanc, y ont remarqué des déchirements multipliés, des monts latéraux séparés par des gorges très ouvertes et paraissant divisés par l’action d’un violent effort[3].

Tels sont les preuves et les documents nombreux qui fortifient notre opinion et qui lui donnent ce degré de probabilité qui sollicite avec force l’assentiment de tout lecteur attentif et exempt de prévention. Ajoutons que, plaçant l’Atlantide dans la partie où nous la plaçons, elle se trouve précisément sous ce beau ciel, dans ce climat heureux, dans cette

  1. Cité par Bory de Saint-Vincent : Essai sur les Îles Fortunées.
  2. Golberry : Fragments d’un Voyage en Afrique, t. I, ch. 2. Bory de Saint-Vincent, p. 440.
  3. Il paraît que la chaîne de l’Atlas se continuait dans la partie qui a été submergée. Le cap Ghir, l’ancien promontoire d’Hercule, qui fait l’extrémité de l’Atlas, est en rapport avec les Canaries qui ont la même inclinaison sud-ouest. Solin dit que l’Atlas avait un faîte couvert de neige et que des flammes sortaient de ses flancs (ch. 37). Ce qui semble convenir parfaitement au Pic de Teyde qui est toujours couvert de neige, et qui, en outre, est un ancien volcan dont les éruptions n’ont cessé qu’à une époque bien rapprochée (1798).