Page:Jolibois - Dissertation sur l’Atlantide.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
mémoire sur l’atlantide.

récit de Platon ; mais il est un point sur lequel il présente une difficulté bien grande et presque insurmontable. Comment éloignée de l’Égypte, de toute la longueur de la Méditerranée, comme le serait l’Atlantide, l’antiquité aurait-elle pu dire qu’elle y confinait ? Et comment à une si grande distance, les Atlantes auraient-ils pu attaquer la Grèce et l’Égypte et devenir pour ces pays des adversaires si redoutables ?

Vient ensuite l’opinion de Delisle de Sales qui, dans son Histoire philosophique du Monde primitif, place l’Atlantide dans le bassin même de la Méditerranée qu’il pense, avant la rupture du Bosphore, avoir été moins étendue qu’elle ne l’est maintenant, et avoir été occupée en grande partie par une île immense dont les débris sont la Corse, la Sardaigne et les îles environnantes. « Mais cette position, dit le célèbre voyageur Badia, où autrement Aly-Bey, beau-père de Delisle de Sales, ne répond pas aux données que tenons des prêtres de Saïs, puisque l’Atlantide ne serait plus sur les bords de la mer Atlantique, si on la plaçait, comme il le fait, au milieu de la Méditerranée, qui jamais n’a porté le nom d’Atlantique, ni vis-à-vis l’embouchure que les Grecs appellent dans leur langue les colonnes d’Hercule, c’est-à-dire le détroit de Gibraltar, d’où, selon l’auteur cité, elle aurait été éloignée de près de deux cents lieues. Dans cette hypothèse, aucune ligne droite tirée de l’île n’eut aboutie au détroit, sans passer par des terres intermédiaires, à cause de la projection des côtes de cette mer ; d’ailleurs le petit espace où il place cette île ne pouvait contenir un territoire aussi étendu que la Lybie et l’Asie ensemble, quelque soit la réduction que l’on fasse subir aux pays connus alors sous ces noms, et encore moins un territoire sur lequel régnaient plusieurs rois célèbres par leur puissance, qui étendaient leur empire sur de grands pays adjacents et qui étaient fiers de tant de forces[1]. »

  1. Voyages, t. I, p. 374.