Page:Jolibois - Dissertation sur l’Atlantide.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
mémoire sur l’atlantide.

maux et des hommes d’une taille deux fois plus haute que ne sont ceux de nos climats. Aussi, la vie de ces hommes n’est-elle pas bornée au même espace de temps que la nôtre ; ils vivent deux fois plus longtemps. Ils ont plusieurs grandes villes, gouvernées suivant des usages qui leur sont propres : leurs lois forment un contraste parfait avec les nôtres. Entre ces villes, il y en a deux d’une prodigieuse étendue et qui ne se ressemblent en rien. L’une se nomme Machimos la guerrière, et l’autre Eusébie la pieuse. Les habitants d’Eusébie passent leurs jours dans la paix et l’abondance : la terre leur prodigue ses fruits, sans qu’ils aient besoin de charrue et de bœufs : il serait superflu de labourer et de semer. Après une vie qui a été constamment exempte de maladies, ils meurent gaîment et en riant. Au reste, leur vie est si pure que souvent les Dieux ne dédaignent pas de les visiter. À l’égard des habitants de Machimos, ils sont très belliqueux : toujours armés, toujours en guerre, ils travaillent sans cesse à étendre leurs limites. C’est par là que leur ville est parvenue à commander à plusieurs nations. On n’y compte pas moins de deux millions de citoyens. Les exemples des gens morts de maladie y sont très rares. Tous meurent à la guerre, non par le fer (le fer ne peut rien sur eux), mais assommés à coups de pierres ou de bâton. Ils ont une si grande quantité d’or et d’argent, qu’ils en font moins de cas que nous ne faisons du fer. Autrefois, continua Silène, ils voulurent pénétrer dans nos îles, et après avoir traversé l’Océan avec dix millions d’hommes, ils arrivèrent chez les Hyperboréens ; mais ce peuple parut à leurs yeux si vil et si méprisable, qu’ayant appris que c’était néanmoins la plus heureuse nation de nos climats, ils dédaignèrent de passer outre. »

Nous voyons, dans ce récit de Théopompe, l’immense étendue de l’Atlantide, sa position hors de l’enceinte du monde, et du côté de l’Océan, et l’invasion en Europe de ses