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mémoire sur l’atlantide.

âmes. Proclus, Syrianus, Jamblique, l’opposition qui existe entre l’unité et l’infini, le repos et le mouvement. J’en conviens ; mais on doit connaître l’usage des philosophes de l’École platonicienne, de trouver un sens allégorique dans tous les écrits de leur maître et l’abus qu’ils en ont fait ; mais ce sens allégorique qu’ils rencontraient dans ce récit de Platon ne les empêchait pas d’y reconnaître une histoire véritable : nous le voyons dans l’exemple de Proclus cité plus haut : ils savaient que Platon appuyait aussi souvent ses leçons et sa philosophie sur les faits et sur les évènements que l’histoire rapporte, que sur les fictions et les traditions fabuleuses, afin de graver ses enseignements plus facilement dans la mémoire, et d’adoucir auprès de ses auditeurs ce que la métaphysique pouvait leur présenter de sec et d’aride.

Platon n’est pas le seul auteur qui ait marié la fiction avec la vérité dans ses écrits. Xénophon, disciple de Socrate, et par conséquent condisciple de Platon lui-même, dépeint, dans sa Cyropédie, les mœurs des Perses « non pas entièrement suivant la vérité, ainsi que le dit Cicéron, mais suivant la modèle supposé d’un bon et parfait gouvernement[1]. »

Ainsi, reconnaissons que, si, dans le dernier dialogue, certains détails peuvent être rapportés à une de ces fictions heureuses si familières au génie du philosophe d’Athènes, et dont il savait si gracieusement revêtir ses préceptes et sa morale, le fond du récit, c’est-à-dire ce qui est dit de l’existence, de la situation, de l’étendue de cette contrée, de l’origine et de l’histoire de ses habitants est historique et vrai. Car ce récit de Platon s’appuie évidemment sur d’anciennes traditions historiques que celui-ci a seulement mis en œuvre. L’antiquité nous fournit nombre de témoignages qui viennent établir et fortifier cette tradition. Avant Platon, nous voyons

  1. Ep. ad Quintum.