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mémoire sur l’atlantide.

Le reste de ce dialogue est perdu. Il présente des détails qui sont sans doute fictifs et allégoriques ; mais le fond est historique et vrai. Remarquons que Critias invoque, en commençant, Mnémosyne, déesse de la Mémoire. Remarquons encore comme il prévient l’objection qu’on pourrait lui faire des noms des héros Atlantes hellénisés, et que, d’ailleurs, tous ces détails historiques sont confirmés par ce que rapporte le Timée. Mais ces détails descriptifs de l’île capitale de l’Atlantide, le tableau enchanteur qu’en trace Platon, ce qu’il rapporte au long des princes du pays, et de leur réunion dans le temple de Neptune, tout cela nous paraît fictif et allégorique. Des réminiscences et des allusions que nous avons indiquées nous le démontrent assez clairement. Mais il ne faut pas de là conclure, comme l’a fait le Père Bertoli[1], que c’est Athènes et les vicissitudes de cette république que Platon a voulu dépeindre dans tout ce qu’il rapporte de l’Atlantide. Cette opinion ne peut se soutenir. Platon qui oppose les Athéniens aux Atlantes n’aurait pas caché les premiers sous le voile et le nom des seconds[2]. Pour en revenir à ce que nous regardons comme fictif dans le récit de Platon, remarquons

  1. Réflexions importantes sur le progrès réel ou apparent des sciences et des arts, au XVIIIe siècle, page 39.
  2. « Il n’y a pas plus de raison, dit Baudelot de Dairval, dans sa Dissertation sur l’Atlantide, insérée dans Les Mémoires des Inscriptions et Belles-Lettres, tome V, page 49, il n’y a pas plus de raison de donner un sens allégorique au Critias de Platon, qu’au Menéxénus de ce même auteur. Dans l’un et dans l’autre de ces deux dialogues, le dessein du philosophe est de louer les Athéniens, en faisant l’histoire des guerres qu’ils avaient eues en Orient et en Occident, contre les peuples de l’île Atlantide. Or, puisque personne ne s’est avisé de dire que le Menéxénus fut un dialogue allégorique, pourquoi avancer que le Critias l’est ? Le sujet n’en paraît plus fabuleux, que parce qu’il y est parlé des peuples d’une île qui ne subsiste plus ; mais, n’est-il pas arrivé des déluges et des tempêtes, des évènements très considérables dont la mémoire s’est perdue avec les monuments qui en parlaient ? »