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mémoire sur l’atlantide.

« Rappelons-nous d’abord, qu’il y a neuf mille ans, à ce que rapporte la tradition, qu’une guerre eût lieu entre les peuples qui habitaient au-delà des Colonnes d’Hercule et ceux qui habitaient en deçà. C’est de cette guerre que nous allons parler. Notre ville se trouva alors à la tête des peuples de l’Orient, et soutint, comme on sait, tout le poids de cette guerre. À la tête des peuples occidentaux étaient les rois de l’île Atlantide, île plus grande que l’Asie et que la Libye ensemble, comme je l’ai déjà dit autre part ; mais cette île ayant été engloutie par un tremblement de terre, on ne trouve plus à sa place que des bas-fonds dangereux qui rendent ces parages innavigables. Dans le cours de mon discours, je désignerai, quand l’occasion se présentera, les nations barbares et les nations grecques qui furent mêlées dans cette guerre[1]. Il convient d’abord d’exposer quelles étaient les forces, le gouvernement politique et la manière de combattre des Athéniens d’alors et de leurs adversaires. Nous allons commencer par nos ancêtres. »

Il fait alors une description agréable de l’état d’Athènes dans ces premiers temps ; il parle assez au long de l’étendue de son territoire, de la fertilité du pays, du nombre des habitants, de leur habileté et de l’autorité et du crédit qu’ils s’étaient acquis sur les autres peuples de la Grèce. Ensuite, en venant aux Atlantes, il s’exprime ainsi :

« Quant à nos adversaires, et aux premiers temps de leur histoire, je vous raconterai familièrement ce qui est resté dans mon souvenir du récit qu’on m’en a fait dans mon enfance ; mais, avant tout, je vous avertis de ne pas vous étonner si vous entendez exprimés en grec presque tous les noms des

  1. Comme le fragment du Critias qui nous reste va jusqu’à la punition des Atlantes, il ne paraît pas probable que Platon ait l’occasion de nommer ces nations. Peut-être y a-t-il des lacunes dans ce fragment.