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mémoire sur l’atlantide.

ment parmi nous. Tout pays qui ne sera exposé ni aux grandes inondations, ni aux feux destructeurs, quelques autres calamités qu’il puisse éprouver, conservera toujours ses habitants. Tout ce qui est arrivé de digne de mémoire, chez vous ou chez les autres nations, pourvu que nous en ayons entendu parler, est écrit et conservé dans nos temples. Vous, ainsi que les autres peuples, vous écrivez bien le récit des faits et des évènements nouveaux, vous les gravez sur les monuments ; mais au temps marqué par les dieux, vient une inondation qui ravage tout le pays, de telle sorte que ceux qui survivent à cette calamité sont privés du secours des lettres et des Muses. Aussi êtes-vous semblables à des enfants ignorants et inexpérimentés, qui ne connaissent absolument rien des choses passées ; car ce que vous venez de me raconter de vos histoires, ce n’est, en quelque sorte, Solon, que des fables propres à amuser des enfants. D’abord vous ne vous rappelez le souvenir que d’une seule inondation, tandis que plusieurs l’ont précédée. Ensuite vous ignorez l’origine de vos ancêtres, cette race excellente et illustre dont les Athéniens sont sortis, faible tige qui a survécu au désastre universel. Cette origine vous est inconnue maintenant, parce que ceux qui ont survécu au déluge et leurs descendants ont, pendant plusieurs siècles, manqué du secours des lettres.

« Avant ce déluge si désastreux, votre ville, ô Solon ! fleurissait déjà riche et puissante : ses lois étaient sages, de beaux ouvrages y étaient composés par des savants ; la renommée des uns et des autres est venue jusqu’à nous, et nous en avons toujours conservé le souvenir.

« Alors Solon, plein d’admiration, pria instamment les prêtres de Saïs de lui faire connaître les ouvrages de ses ancêtres. Un prêtre lui fit cette réponse : La jalousie, ô Solon ! ne nous empêchera pas de vous les faire connaître ; nous vous les découvrirons volontiers, et en votre considération et en