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mémoire sur l’atlantide.

d’Égypte, histoire que les agitations de notre république et les embarras du gouvernement le forcèrent à laisser à moitié faite, il n’aurait cédé à mon avis ni à Homère, ni à Hésiode, ni à quelque autre poète que ce soit. Anymander lui demanda quel sujet traitait Solon dans cette histoire. De grands évènements, lui dit mon aïeul, arrivés autrefois dans notre Athènes, évènement dont la longue suite des siècles et les calamités qu’a souffertes le genre humain ont entièrement enlevé le souvenir. Mais quelle était donc cette histoire, repartit Anymander, de quelle sorte d’évènements traitait-elle, et de qui Solon a-t-il appris ce qu’il nous a transmis comme véritable ?

« Il y a, dans l’Égypte, reprit mon aïeul, un pays appelé Delta, renfermé entre les bras du Nil. Dans le Delta, se trouve une ville appelée Saïs qui a eu pour roi Amasis. Cette ville reconnaît pour fondatrice une déesse que les Égyptiens appellent Neïthes, et les Grecs Αθηνη (Minerve)[1]. Les Saïtiens sont grandement amis de nos Athéniens, et ils se vantent d’avoir la même origine qu’eux. Solon rapporte qu’il fut reçu dans cette ville d’une manière très honorable. Il s’informa des traditions antiques auprès des prêtres les plus savants, et il reconnut par leurs rapports que ni lui, Solon, ni aucun des Grecs n’avait la moindre connaissance de l’antiquité. Quelquefois, pour engager les prêtres à lui dévoiler leurs secrets, il leur parlait des plus anciens évènements arrivés dans notre patrie, des actions de Phoronée et de Niobé, et après la catastrophe de notre déluge, des aventures de Deucalion et de Pyrrha, de leur postérité, ainsi que du temps

  1. Voyez, dans Barthélemy, ce qu’il dit du rapport qui existe entre le nom égyptien Neith, et le nom grec Αθηνη (Réflexions générales sur les rapports des langues égyptienne, phénicienne et grecque. Œuvres complètes, tom. IV, p. 17).