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dissertation sur l’histoire ancienne

la nature de l’emplacement, et qui est devenu le nom moderne de la seconde ville des Gaules[1], les Phocéens, dis-je, fondèrent, a ce que rapporte une tradition cependant fort incertaine, une ville près du lieu où est bâti maintenant Montmerle, et donnèrent à cette ville le nom grec d’Apeon Απεων). Cette ville fut, dit-on, détruite au temps de la guerre de Septime Sévère. Il est à remarquer que plusieurs lieux près de la Saône, dans l’ancienne province de Beaujolais, et particulièrement dans la partie qu’occupaient les Ambarres, portent des noms évidemment d’origine grecque. Ainsi, Oingt, plus anciennement Yoingt, est appelée dans les anciens titres latins Iconium, nom de la capitale de la Pisidie, dans l’Asie-Mineure. On sait combien facilement le C et les autres consonnes s’élident dans le changement des langues (ainsi, le nom celtique de Sancon a fait le nom moderne de Saône). Nous trouvons le même nom d’Ieonium presque entièrement conservé dans le nom moderne de Cogny, autre village de la province. Theyzé, Thizy, nous rappèlent le nom grec de Thésée ; Denicé celui de Denys, nom que les Grecs donnaient à Bacchus ; Montmélas, le mont Noir (μελας), Talancé, Tarare, Le Pyre, Moiré sont des noms presque entièrement grecs. Tous ces noms rassemblés dans un espace bien rapproché ne semblent-ils pas des indices frappants d’une colonie grecque et de l’Asie-Mineure, qui cherchait à rappeler dans les lieux nouveaux qu’ils fondaient les noms si doux de la patrie et les dieux de leurs ancêtres. Dans les montagnes du Jura, près d’Arinthod, nous voyons encore des traces d’un établissement grec ; des noms de lieu, de famille sont évidemment tirés de cette langue. Enfin, des

  1. Ce nom ne pourrait-il pas venir du mot grec Ληιων, blé, moisson, pour exprimer la fertilité du pays, où le blé de la Gaule septentrionale, dont l’Emporium marseillais était sans doute le dépôt ?