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mémoire sur l’atlantide.

considérable. Il est fâcheux que les environs de ce lac n’aient pas été davantage explorés, surtout dans la partie sud. Peut-être aurait-on découvert dans la chaîne correspondante de l’Atlas, une ouverture, une anfractuosité, par laquelle les eaux se seraient échappées. Ces anfractuosités entr’ouvrant la chaîne des montagnes sont si communes, que beaucoup de fleuves ont à en franchir quelqu’une ; tels sont le Danube, franchissant les Portes de Fer (Demir-Kapi), près d’Orsowa, le Nil franchissant près de Thèbes la chaîne Libyque, le Niger passant à travers les montagnes de Kong assez près de son embouchure, et les fleuves des États-Unis se faisant jour et surmontant les obstacles que leur présentent les Alleghanys et les montagnes Bleues. Remarquons que Shaw semble reconnaître dans une petite île qui est dans le lac Sibkah[1] l’ancienne Chéronèse dont parle Diodore[2], bâtie par les Amazones, et l’île Phlé d’Hérodote[3]. Et qui sait si les deux Syrtes n’étaient pas les deux bras d’un même fleuve ou canal, par lequel s’écoulait dans la Méditerranée cette mer intérieure, et qui renfermait ainsi un delta immense de neuf degrés de largeur ? Par-là serait concilié le sentiment de Pline avec celui de Strabon qui voit dans la grande Syrte l’écoulement du lac Triton. Voyez, d’ailleurs, sur l’hypothèse que je viens de proposer, l’excellent ouvrage de Ritter, sur la Géographie physique de l’Afrique, tome III.

Remarquons que cette vaste mer, que tant de preuves physiques nous engagent à placer, au temps de l’Atlantide, à la place du Sahara, contribuait à isoler cette grande contrée et à justifier le nom d’île que lui donnait l’antiquité.

Maintenant avançons vers l’Amérique : nous la trouverons

  1. Voyez tome I, p. 275.
  2. Livre III, ch. 27.
  3. Livre IV, ch. 188.