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mémoire sur l’atlantide.

rochers : ils sont là, selon toute apparence, depuis le temps de quelque grande inondation. Tout ce que j’avais vu auparavant, et tout ce que je vis alors, me porte à placer cette inondation postérieurement au déluge de l’Écriture-Sainte. Je jetai d’un peu loin mes regards sur le Medhyq (Descente de la montagne). Les formes étranges de ces rochers brisés ou séparés les uns des autres me confirmèrent dans l’idée d’une submersion et me persuadèrent que ce déluge était venu de l’ouest (Remarque précieuse qui montre que le courant venait de la grande mer intérieure placée précisément de ce côté). » Ensuite Hornemann descend dans une grande plaine appelée Sultin, où se trouvent des sources abondantes, quoique le terrain y soit nu et aride[1].

Ne pourrait-on pas considérer le grand lac salé Sibkah-eb-Lowdeah comme le reste d’un autre écoulement de cette grande Méditerranée africaine. Sa forme allongée qui va du sud au nord, son rapprochement du fond du golfe de Cabès, la petite Syrte des anciens, sembleraient annoncer qu’il a servi autrefois d’écoulement à un grand courant d’eau. Il est vrai que, suivant Shaw, des montagnes s’élèvent entre la mer et le lac[2]. Je pense pourtant qu’un examen plus approfondi ferait connaître les vestiges d’une communication ancienne entre l’extrémité nord du lac et la mer, par une rivière voisine, nommée Akareah, qui se jette dans la mer près de là. On observe à l’extrémité sud du lac l’entrée d’une grande vallée qui sert de communication avec l’intérieur du Sahara, et était sans doute un des canaux par lesquels la Méditerranée africaine communiquait avec l’européenne. Là, suivant Pline[3] et Pomponius Méla[4], tombait une rivière assez

  1. Voyage, t. I, p. 79 et suiv.
  2. Voyage, t. I, p. 276.
  3. Livre V, ch. 4.
  4. Livre I, ch. 7.