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elle le nommait Tritonis ou lac des Hespérides, et le plaçait au loin dans l’Éthiopie. Diodore de Sicile rapporte la tradition remarquable de son dessèchement par un tremblement de terre, et place sur ses bords la demeure des Amazones et des Gorgones voisines des Atlantes[1]. L’antiquité le faisait communiquer avec la Méditerranée européenne par un détroit ou canal placé, suivant les uns, au fond de la grande Syrte ; suivant les autres, au fond de la petite, et qui du grand lac avait pris le nom de Tritonia. C’est sur cette tradition, non moins que sur l’aspect physique du pays, que s’appuyait Erastothènes cité par Strabon[2] et par Aristote dans sa Météréologie.

Voilà les seuls indices que nous fournisse la tradition. Mais leur insuffisance est abondamment suppléée par les preuves physiques et par l’inspection du pays. L’Afrique présente au géographe et au géologue dans son intérieur, dans la partie connue sous le nom de Sahara, l’aspect d’un sol desséché, et d’un bassin couvert autrefois par les eaux de la mer. Les rochers y sont comme cachés sous des amas de cailloux, de galets et de sable mouvant. Cet espace de plus de 72,000 milles géographiques carrés de superficie, bas, déprimé entre les montagnes de Kong et celles de l’Atlas, est parsemé de nombreuses mines de sel gemme, et celles que nous connaissons ne sont qu’en bien petit nombre en comparaison de celles qui nous sont inconnues, et que des couches de sable couvrent et enfouissent : preuve convaincante de l’ancien séjour des eaux. Des Caspiennes se montrent çà et là dans toute cette étendue, entre autres le Tchad, de plus de deux cents lieues de tour, l’étang ou marais de Wangara, d’un

    ont-ils donné deux noms différents au même lac : peut-être ces lacs ont-il disparu et ont-ils été desséchés par une circonstance particulière !

  1. Livre III. ch. 27.
  2. Géog. 1. I.