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étendue abandonnée par la mer ? C’est que ce sont des espèces de vastes entonnoirs dans lesquels les eaux sont restées, ne trouvant point d’écoulement. Ainsi, la mer Caspienne a un niveau plus bas que la mer Noire. Cette différence que M. de Humboldt estimait être de près de cent mètres, a été réduite à dix-huit mètres trente centimètres par les observations récentes de M. Hommaire-Déhel[1].

Le Pont-Euxin, de son côté, s’étendait bien plus loin que maintenant à l’est et au nord. La Crimée qui présente des plaines si vastes, les Bouches du Danube et le pays bas et plat qui s’étend depuis ce fleuve jusqu’à la mer d’Azof à vingt à trente lieues dans les terres, était autrefois couvert par le Pont-Euxin qui portait au loin de ce côté-là ses limites. M. Dureau de la Malle, dans sa Géographie physique de la mer Noire, a traité cette question avec une érudition et un talent remarquables. Il a mis hors de doute notre opinion, et nous ne pouvons rien ajouter aux preuves frappantes et victorieuses qu’il apporte[2].

Maintenant, tournons nos regards vers l’Afrique et contemplons l’intérieur de ce continent. Avant la catastrophe de l’Atlantide, il était couvert par les eaux et formait une Méditerranée immense qui bordait cette contrée au Midi, et se joignait sans doute vers l’Ouest à l’Océan. Mais cette opinion qui doit paraître extraordinaire, a besoin de preuves et de témoignages, pour pouvoir être admise, et convaincre les esprits. Développons-les.

D’abord toute l’antiquité a eu une idée confuse de l’existence primitive d’un lac ou mer intérieure de l’Afrique[3] :

  1. Rapport à l’Académie des Sciences : 18 avril 1843.
  2. Voyez Pallas : Tableau de la Tauride. — Milady Craven : Voyage en Crimée.
  3. Les anciens avaient connaissance de plusieurs lacs dans l’intérieur de l’Afrique, les lacs Clonia, Gira, Libya, Chelonidès, Nigritis Palus : peut-être