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mémoire sur l’atlantide

les côtes de l’Italie, de la Grèce et de l’Afrique, traces que Strabon[1] reconnaît : car, après avoir cité plusieurs preuves de cet envahissement de la mer, il termine en disant : « Il faut avouer qu’une grande partie de nos continents a été quelque temps inondée. » « Si des bords de la mer, dit Pomponius Méla[2], on s’enfonce dans l’intérieur, à une distance considérable du rivage, on aperçoit, dit-on, çà et là, dans des campagnes d’ailleurs stériles et abandonnées, si toutefois la chose est croyable, des arêtes de poissons, des débris de coquillages, des rochers qui paraissent avoir été limés par les flots, comme ceux qu’on voit au sein des mers, des ancres de vaisseaux incrustées dans les montagnes, et beaucoup d’autres phénomènes de ce genre, qui tous sont autant de preuves et de vestiges de l’ancien séjour des eaux sur ces contrées lointaines. » De là vient cette tradition de la Grèce que rappelle Platon dans un passage cité par Strabon[3], et que nous avons cité plus haut. De là vient entre autres la tradition particulière de Samothrace dont parle Diodore et dont nous avons fait mention.

Mais, après l’ouverture des Colonnes d’Hercule, une masse immense d’eau a dû s’écouler par le détroit dans l’Océan, et diminuer la Méditerranée jusqu’à ce qu’elle ait atteint le niveau que demandait la nature. Voilà pourquoi plusieurs terres, plusieurs îles ont apparu alors sur les eaux qui les avaient envahies, et que cette mer a abandonné une partie de ses conquêtes. C’est à ce fait que nous devons attribuer le nom donné par la Grèce antique à une île célèbre de l’Archipel qui renfermait un de ses sanctuaires les plus renommés. C’est l’île de Délos, dont le nom grec Δηλοσ veut dire découverte.

  1. Livre I.
  2. Livre I, ch. 6. Trad. de Fradin.
  3. Livre I.