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mémoire sur l’atlantide

les écueils Cherby se rapprochait beaucoup de l’Afrique ; peut-être y était-elle réunie vers le cap Bon. Les sondages du capitaine Smyth ont révélé l’existence de bancs continus entre l’Afrique et la Sicile. Par le moyen des îles Linose et Lampedouze, Malte se rapprochait aussi beaucoup de l’Afrique. Celle-ci communiquait aussi avec la Sardaigne et avec la Corse par une suite de petites îles dont il reste encore l’île Galita. La Corse et la Sardaigne se réunissaient de leur côté par Capraia, Elbe et Gorgone au continent de l’Étrurie et peut-être même à la Ligurie. Les Baléares et les Pythiuses qui bordent l’Espagne à l’Orient lui étaient jadis réunies. La côte d’Afrique, d’un autre côté, s’étendait bien plus loin qu’elle ne fait maintenant vers le nord. Nous en apporterons pour preuve les bas-fonds et la mer peu profonde qui bordent les côtes, surtout vers les Syrtes, et les îles Kerkeni qui ont conservé dans leur nom celui de la ville de Cercène qui y était bâtie sans doute et qui est si célèbre dans l’histoire des Atlantes. Or, cette ville était jadis sur le continent, ces îles en sont à quelque distance et un grand banc de sable s’étend encore à plusieurs lieues au nord[1].

Mais va-t-on peut-être nous dire, cette conformation antique de la Méditerranée ne pourrait-elle pas remonter au-delà des temps historiques les plus reculés ? Qu’est-ce qui

    « Una foret : venit medio vi pontus, et undis
    « Hesperium siculo latus abscidit, arvaque et urbis
    « Littore diductas augusto interluit oestu. »

    AENEIDOS lib. III, v. 413.

    Salluste, dans ses fragments incertains, s’exprime ainsi : « Italiam conjunciam Siciliœ constat fuisse ; sic medium spatium aut per humilitatem obrutum est aquis, aut per angustum scissum. Inde Rhegium nominatum. » (Ex Isidoro). Voyez Silius Italicus, liv. XIV, vers 2 ; et P. Claudien : In raptu Proserpinæ, liv. I ; Sénèque, Questions naturelles, liv. VI, ch. 29 ; Ferrara, I Campi Flegrei de la Sicilia, pag. 262 et 351 ; Denys Periegete, v. 467.

  1. V. d’Aly-Bey, t. I.