surprise. Il s’était dit alors : « Tout s’explique : je me trouve en présence du faux cul-de-jatte, du comte de Riva déguisé ! » Et voilà que cette hypothèse, la seule qui parût possible était fausse.
Son regard s’était reporté sévèrement sur l’homme énigmatique qu’il avait devant lui :
— Ne mentez pas, dit-il d’une voix menaçante. Qui êtes-vous ?
— Je vous répète, monsieur, que je me nomme Pascal Aubrant.
— Depuis quand ?
— Mais… depuis ma naissance.
— Votre livret de mariage, montrez-moi des pièces d’identité, des portraits…
Mme Aubrant, plus morte que vive, demanda l’autorisation de se vêtir. Elle alla chercher le livret et les portraits demandés. Lautrec ouvrit le premier : il portait bien le nom de Pascal Aubrant. Il examina les photographies : toutes ressemblaient à son hôte.
Lautrec était exaspéré. Oui, ce mystère l’exaspérait à la fin. Il fallait que, sous une étreinte suprême, la vérité jaillit enfin. Pendant une demi-heure, il « cuisina » ses hôtes, comme on dit en style policier.
Il dit enfin à Aubrant qu’il était soupçonné d’avoir commis plusieurs crimes sous le déguisement d’un cul-de-jatte surnommé le Cocu à roulettes et que l’échafaud menaçait sa tête, s’il ne se décidait à éclairer la justice
Soudain, Mme Aubrant se dressa :
— Eh bien ! monsieur, je vais tout vous dire.
Il sembla à Lautrec que le ciel s’ouvrait devant lui. L’émotion l’étouffait ; mais il ne laissa rien paraître, et ce fut d’une voix calme qu’il dit :
— Je vous écoute, Madame.