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les hommes sont admis à prendre part au suffrage, il n’y a pas l’ombre d’une raison pour ne pas y admettre les femmes sous les mêmes conditions. La majorité des femmes d’une classe ne différerait probablement pas d’opinion avec la majorité des hommes de cette classe, à moins que la question ne portât sur les intérêts mêmes de leur sexe, auquel cas elles auraient besoin du droit de suffrage comme de l’unique garantie que leurs réclamations seront examinées avec justice. Ceci doit être évident pour ceux mêmes qui ne partagent aucune des autres opinions que je défends. Quand même toutes les femmes seraient épouses, quand même toutes les épouses devraient être esclaves il n’en serait que plus nécessaire de donner à ces esclaves une protection légale ; car nous savons trop la protection que les esclaves peuvent attendre quand les lois sont faites par leurs maîtres.

Quant à l’aptitude des femmes non seulement à participer aux élections, mais à exercer des fonctions publiques, ou des professions chargées d’une responsabilité publique, j’ai déjà fait remarquer que cette considération ne fait rien au fond à la question pratique que nous discutons, puisque toute femme qui réussit dans la profession qui lui est ouverte prouve par là même qu’elle est capable de la remplir, et que, pour les charges publiques, si le régime