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tion exclusive durant le mariage. Cela ne les empêche pas de se lier par un arrangement afin de conserver leurs biens à leurs enfants. Il y a des personnes dont les sentiments sont froissés à la pensée d’une séparation de biens comme d’une négation de l’idée du mariage, la fusion de deux vies en une. Pour ma part, je suis aussi énergiquement que personne pour la communauté de biens, quand elle résulte entre les propriétaires d’une entière unité de sentiments qui fait que tout entre eux est commun. Mais je n’ai aucun goût pour la doctrine en vertu de laquelle ce qui est à moi est à toi, sans que ce qui est à toi soit à moi ; je ne voudrais d’un traité semblable avec personne, dût-il se faire à mon profit.

L’injustice de ce genre d’oppression, qui pèse sur les femmes, est généralement reconnue ; on peut y remédier sans toucher aux autres points de la question, et nul doute qu’elle ne soit la première effacée. Déjà dans beaucoup d’états nouveaux et dans plusieurs des anciens états de la Confédération américaine, on a mis, non seulement dans la loi, mais dans la constitution, des dispositions qui assurent aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes à ce point de vue, et améliorent dans le mariage la situation des femmes qui possèdent, en laissant à leur disposition un instrument puissant dont elles ne se dessaisissent pas en se mariant. On