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combattre, deviennent ordinairement ses mercenaires ; rien ne s’y oppose que le sentiment d’égalité des êtres humains qui fait le fond du christianisme, mais que le christianisme ne fera jamais triompher tant qu’il sanctionnera des institutions fondées sur une préférence arbitraire d’un membre de l’humanité à un autre.

Il y a sans doute des femmes, comme aussi des hommes, que l’égalité ne satisfera pas, avec lesquelles nulle paix n’est possible tant que leur volonté ne règne pas sans partage. C’est surtout pour ces personnes-là que la loi du divorce est bonne. Elles ne sont faites que pour vivre seules, et nul être vivant ne devrait être contraint d’associer sa vie à la leur. Mais, au lieu de rendre rares ces caractères chez les femmes, la subordination légale où elles vivent tend plutôt à les rendre fréquents. Si l’homme exerce tout son pouvoir, la femme est écrasée ; mais si elle est traitée avec indulgence, si on lui permet de prendre de la puissance, nulle règle ne peut mettre un terme à ses empiétements. La loi ne détermine pas ses droits ; elle ne lui en donne aucun en principe, c’est l’autoriser à les étendre tant qu’elle le peut.

L’égalité légale des personnes mariées n’est pas seulement le seul mode où leurs rapports puissent s’harmoniser avec la justice qui leur est due, et faire leur bonheur, mais il n’y a pas d’autre moyen de faire de la vie journalière