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n’y touche guère que dans un but intéressé. En politique elle ignore où est le droit, et ne s’en soucie pas, mais elle sait ce qui peut procurer à son mari un titre, à son fils une place, à sa fille un beau mariage.

Mais, demandera-t-on, comment une société peut-elle exister sans un gouvernement ? Dans une famille comme dans un État, il doit y avoir une personne qui commande, qui décide quand les conjoints diffèrent d’opinion ; chacun ne peut aller de son côté, et il faut prendre un parti.

Il n’est pas vrai que, dans toutes les associations volontaires de deux personnes, l’une d’elles doive être maîtresse absolue ; encore moins appartient-il à la loi de déterminer laquelle le sera. Après le mariage, la forme d’association volontaire qui se voit le plus souvent, c’est la société commerciale. On ne juge pas nécessaire de régler par la loi que, dans toute société, un des associés aura toute la direction des affaires, et que les autres seront tenus d’obéir à ses ordres. Personne ne voudrait entrer dans la société ni se soumettre à la responsabilité qui pèse sur un chef, en ne conservant que le pouvoir d’un employé et d’un agent. Si la loi intervenait dans tous les contrats comme dans les contrats de mariage, elle ordonnerait que l’un des associés administrât les affaires communes comme s’il y était seul inté-