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ceux de leurs semblables pour qui Dieu ne s’est pas montré aussi miséricordieux que pour eux-mêmes.

Quelle que soit l’institution despotique qu’on ait à défendre, l’esclavage, l’absolutisme politique, ou l’absolutisme du chef de la famille, on veut toujours que nous la jugions sur les exemples les plus favorables. On nous fait voir des tableaux où la tendresse de la soumission répond à la sollicitude de l’autorité, où un maître sage règle tout pour le plus grand bien des subordonnés, et vit entouré de bénédictions. Tout cela serait à propos, si nous prétendions qu’il n’existe pas d’hommes bons. Qui doute que le gouvernement absolu d’un homme bon ne puisse s’exercer avec une grande bonté, produire une grande somme de bonheur et exciter une grande reconnaissance ? Mais c’est en vue des hommes méchants qu’il faut établir des lois. Le mariage n’est pas une institution faite pour un petit nombre d’élus. On ne demande pas aux hommes, avant le mariage, de prouver par témoins qu’on peut se fier à leur façon d’exercer le pouvoir absolu. Les liens d’affection et d’obligation qui unissent un mari à sa femme et à ses enfants sont très forts pour ceux qui sentent fortement leurs obligations sociales, et même pour un grand nombre de ceux qui ne sont guère sensibles à leurs autres devoirs sociaux. Mais il y a tous