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la littérature de son pays, a cru nécessaire de mettre cette épigraphe à son ouvrage le plus hardi : « Un homme peut braver l’opinion ; une femme doit s’y soumettre[1]. » La plus grande partie de ce que les femmes écrivent sur leur sexe n’est que flatterie pour les hommes. Si la femme qui écrit n’est pas mariée, il semble qu’elle n’écrive que pour trouver un mari. Beaucoup de femmes mariées ou non vont au-delà ; elles propagent sur la soumission de leur sexe des idées dont la servilité dépasse les désirs de tout homme, à l’exception des plus vulgaires. Aujourd’hui, il est vrai, cela n’arrive pas aussi souvent que dans un temps encore peu éloigné de nous. Les femmes prennent de l’assurance et osent affirmer leurs sentiments réels. En Angleterre surtout, le caractère des femmes est une production si artificielle, que leurs sentiments se composent d’un petit nombre d’observations et d’idées personnelles, mêlées à un grand nombre de préjugés acceptés. Cet état de choses s’effacera de jour en jour, mais il persistera en grande partie tant que nos institutions sociales n’autoriseront pas les femmes à développer leur originalité aussi librement que l’homme. Quand ce temps sera venu, mais pas avant, nous entendrons et, qui plus est, nous verrons tout ce qu’il faut apprendre pour

  1. Madame de Staël, Delphine.